Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Je suis assis dans le train et j’écoute le chemin de Kyo. Je croise le regard d’une jeune fille en face de moi. Une jeune fille fort mignonne, que je regarde parfois, qui me regarde et détourne son regard. Je me dis c’est une histoire qui recommence, une histoire ou une non-histoire de deux inconnus qui se regardent dans un train sans se parler et se quittent. Et le mystère demeure entier car tu imagines tout ce qui se passe dans la tête de l’autre et jamais tu ne sauras la vérité. Et tu dis au revoir pour briser le silence. Mais cette histoire que je vis si souvent, je ne l’ai pas vécue aujourd’hui.

La jeune inconnue aux cheveux longs, à l’allure d’une amazone retournée dans la civilisation, a brisé le silence en me proposant de l’aide pour déballer mon sandwich, le 2ème sandwich (j’avais oublié le premier sandwich dans le 1er train). Nous parlons des sandwichs, le mien est mauvais, très mauvais. C’est sûrement fabriqué en Angleterre, dit-elle. Elle avait un sandwich au thon et moi au poulet et je lui propose un échange de ces sandwichs forts mauvais. Elle ne veut pas du mien, mais me cède le sien. « Je le mange pour remplir l’estomac. » J’apprends qu’elle est en formation d’éducatrice de la petite enfance « plus qu’une année de cours mais à présent je prends une année sabbatique », me dit-elle. Elle va à Como, et je me dit qu’elle doit avoir de la famille là-bas. Elle me parle de son prof d’anglais, langue dans laquelle nous conversons. Qu’elle dormait toujours pendant les cours. Que son prof lui disait « Sara, réveille-toi ! ». C’est ainsi que j’ai appris son nom. Je lui raconte l’histoire de mon prof d’allemand, lorsque j’étais au collège, trop timide pour interroger les élèves, qui a quitté son poste peu après et que j’ai croisé encore ce matin dans la rue, avant de prendre le train. Je l’observe, elle rigole, nous avons trouvé une complicité.

La conversation se poursuit sur un ton léger, j’ai l’impression que nous sommes seuls dans ce wagon bondé. Seuls à briser le silence. Le train avance vers sa destination et je sais que jamais nous n’allons nous revoir, si je ne fais pas quelque chose. Je la regarde. Elle a de longs cheveux bruns, elle me fait penser à quelqu’un d’autre, à A.G., en plus latine. Et si je lui donnais mon numéro ? Le train ralentit. Je lui dis je sors ici. Elle me dit moi aussi , je vais rejoindre mon copain. Cela me refroidit. Elle me sourit. Sur le quai du train, elle me dit au revoir. Elle s’approche de moi comme pour me faire la bise. Un dernier au revoir. Deux heures où je me suis senti bien plus proche d’elle que beaucoup de mes amis.

Ecrit par kirikou99, le Vendredi 5 Septembre 2003, 13:47 dans la rubrique Premiers Pas.